lundi 13 août 2012

EPITAPHE AUX DORMEURS SANS ETOILES #5



Je suis dans une pièce qui n’est pas mienne. Des affaires éparpillées en tous sens, pieds nus, la chevelure lâche et le regard las, je serre les dents et je m’accroche pour comprendre ces umbroglios, ces labyrinthes de cartes, ces détroits, ces vallées, ces noms de pays dans lesquels je ne mettrai jamais les pieds de toutes façons. Voyager, ce verbe vous transporte et vous laisse au cœur un baume inespéré pour soigner votre routine. Un air de piano, le vent et la pluie mince et fine qui vous fouette le visage, une cour mal éclairée, des fenêtres petites et sans lumière. L’obscurité, l’ombre et parfois des lueurs qui vous sourient.  On esquisse un mince sourire, on pose les derniers mots sur la feuille de papier aux sons d’une douce mélodie calme et discrète qui n’ose s’imposer et troubler nos exigences. Et pourtant, on essaie de s’approprier cette musique au fond de nous, on ferme les yeux et elle résonne en nous, plus fort. Il n’y a plus qu’elle, des soupirs et des souvenirs d’enfants nous reviennent en mémoire ; une valse de sensation nous emmènent dans un univers que nos cœurs d’homme trop jeune ont oublié ou effacé.




Seule, sale perdue dans de vieux recoins poussiéreux. Accroche toi et essuie les larmes de ton visage, prend moi la main et ne la lâche pas, pauvre enfant que tu es. Je sais bien que rien n’est facile pour toi et que ta piètre existence est comparable à celle des chiens que l’on traine dans la boue et que l’on fait courir pour remporter des piécettes. Mais je sais que tu vaux plus, tu as quelque chose en toi qui ne demande qu’à éclaircir le monde. Alors arrête de me regarder avec ce regard triste, je t’en supplie accroche toi, il en faut plus pour te faire tomber. Cesse de pleurer, remonte ta robe et tiens-toi droite, reprend la prestance que tu avais jadis, ce port d’antan et ces mains gracieuses. Redresse toi allez, encore un effort je suis certain que tu peux reconsidérer le monde et l’avoir à ta portée.
Regarde toi dans ce pull trop grand qui t’étouffe et te cache, tes os sont biens las et tu traînes ta peine comme on trainerait une petite toux qui vous prend la gorge et vous la bouche complètement tel du goudron dans le gosier d’un goeland venu s’échouer à Pleymouth . Tes jambes sont si fines, j’ai peur on dirait que tu vas tomber et chanceler sur le bitume. Je te jure, on dirait des allumettes et j’ai peur de n’avoir que peu de force pour te ramasser. Et puis je partage un peu ta peine, je n’aurai même pas de quoi te payer le taxi ma pauvre.  Tes vêtements trainent dans la boue et tes joues sont barbouillé de suie, je ne sais pas ce que tu as été faire hier soir, mais ça devait être romanesque pour que cela te mette dans ces états.  Tes talons sont à peines vernies, et ton collant est déchiré. Tu as piètre allure et pourtant il émane de toi une grâce, un rayon de tristesse que j’ai du mal à décrire totalement. C’est perceptible et en même temps si infime.



Au fond est ce que tu y crois toi à l’amour ? Je ne suis pas vraiment certaine de cerner avec justesse toute l’étendue du sujet. Je pense que c’est un sentiment fort, mais plus j’avance plus il me parait difficile à décrire. C’est un peu enfantin, mais je me sens un peu novice en la matière alors même que j’ai connu ce sentiment sous divers aspects et à travers une multitude d’horizon. Seulement, on a chacun sa vision personnel de l’amour en soi, de cet espèce de sentiment qui arrive à changer le cours d’une histoire, à renverser deux âmes ou à en perdre d’autres. C’est des situations de romans, ou de la réalité appliquée à la fiction, je ne sais pas trop ce que je préfère. On aimerait être embrassé en toute simplicité, aux détours d’une ruelle, d’un jardin, d’un porche de vieille pierre, en pleins Paris à la campagne ! Qu’importe le moment, mais ce qu’il faut c’est de la surprise et la grâce de l’instant, il faut savoir l’apprécier parce qu’apprécier un baiser ce n’est pas forcément évident. C’est généralement lorsque l’on est le plus inexpérimenté que les premiers baisers sont les plus beaux, ils sont comparables à des jeunes bourgeons qui annoncent le printemps. Et leur verdure nous embaume le cœur, mais déjà leurs fleurs écloses nous coupent les lèvres trop avides. Je suis certaine que vous en rêvez tous que l’on vous prenne par la main, qu’on vous la serre très très fort jusqu’à vous faire mal, et que l’on entende votre rire sonner à des dizaines de kilomètres. Je crois que c’est ce qu’on définit comme des instants de bonheur, rien qu’à l’entendre dans ma tête j’ai le cœur qui bat et je suis un peu nostalgique. On a tous des vieux fantasmes totalement clichéiques, autant les femmes que les hommes, et c’est ce qui fais toute la richesse d’une histoire. Se prendre dans les bras sur une musique pourrie, déjeuner dans un grand restaurant et commander des plats extravagants, se promener dans Paris l’air léger avec à la main une fleur et à la bouche un refrain nouveau. Et on recherche tous l’amour, ce satané amour qui nous oppresse, nous rend heureux, nous fais perdre la raison, nous fais vivre plus que de folie. Il est là, présent devant nous et pourtant on reste aveugle, on se met à le chercher alors qu’il est sagement devant nous tel une évidence. Ça en deviendrait presqu’indécent, mais il se dévoile toujours au moment où l’on s’y attend le moins. Alors à cet instant précis se produit un choc, une onde positive qui nous transperce de l’intérieur et se répand en nous comme une sève bénéfique . Ca nous surprend au premier abord, et ça nous transporte vers des rêves que nous n’aurions jamais eu la prétention d’imaginer. Puis vient le moment du discernement que l’on oublie tellement on est bien, mais vite la raison revient au pas de course, à nous de l’écouter ou pas.





Et moi je te dis que les gens de paris
Ont les lèvres brodées de mélancolie
Ils pensent à leur jeunesse effacée
Aux ritournelles, aux balades embrumées
Des époques lointaines ou ils savaient choisir
Les lieux et l’instant propices aux soupirs

Aujourd’hui ils ont oublié
Les rengaines du temps passé
Plus personne aux bois de vincennes
Leurs ames sont bien en peine
Ils rêvent de retrouver leurs désirs
De réinventer leur fuite et leurs rires

Je pourrais longtemps te décrire
Ce que ma mémoire risque de ternir
De bien beaux endroits calmes et las
Ou l’on s’aimait sans dessus deça
Des œillades appuyés au regard tapageur
Tous ceci restent gravés au cœur


Et tous s’efface comme un voyage
Dans le miroir on reste sage
De vieilles histoires un peu trop belles
Faites d’illusions et d’irréel
On se sent bien sans vraiment rien
Un peu de tous et de regains
Du temps qui courrent
Des bruits de sourds




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