Je suis dans une pièce qui n’est pas mienne. Des affaires
éparpillées en tous sens, pieds nus, la chevelure lâche et le regard las, je
serre les dents et je m’accroche pour comprendre ces umbroglios, ces
labyrinthes de cartes, ces détroits, ces vallées, ces noms de pays dans
lesquels je ne mettrai jamais les pieds de toutes façons. Voyager, ce verbe
vous transporte et vous laisse au cœur un baume inespéré pour soigner votre
routine. Un air de piano, le vent et la pluie mince et fine qui vous fouette le
visage, une cour mal éclairée, des fenêtres petites et sans lumière.
L’obscurité, l’ombre et parfois des lueurs qui vous sourient. On esquisse un mince sourire, on pose les
derniers mots sur la feuille de papier aux sons d’une douce mélodie calme et
discrète qui n’ose s’imposer et troubler nos exigences. Et pourtant, on essaie
de s’approprier cette musique au fond de nous, on ferme les yeux et elle
résonne en nous, plus fort. Il n’y a plus qu’elle, des soupirs et des souvenirs
d’enfants nous reviennent en mémoire ; une valse de sensation nous
emmènent dans un univers que nos cœurs d’homme trop jeune ont oublié ou effacé.
Seule, sale perdue dans de vieux recoins poussiéreux.
Accroche toi et essuie les larmes de ton visage, prend moi la main et ne la
lâche pas, pauvre enfant que tu es. Je sais bien que rien n’est facile pour toi
et que ta piètre existence est comparable à celle des chiens que l’on traine
dans la boue et que l’on fait courir pour remporter des piécettes. Mais je sais
que tu vaux plus, tu as quelque chose en toi qui ne demande qu’à éclaircir le
monde. Alors arrête de me regarder avec ce regard triste, je t’en supplie
accroche toi, il en faut plus pour te faire tomber. Cesse de pleurer, remonte
ta robe et tiens-toi droite, reprend la prestance que tu avais jadis, ce port
d’antan et ces mains gracieuses. Redresse toi allez, encore un effort je suis
certain que tu peux reconsidérer le monde et l’avoir à ta portée.
Regarde toi dans ce pull trop grand qui t’étouffe et te
cache, tes os sont biens las et tu traînes ta peine comme on trainerait une
petite toux qui vous prend la gorge et vous la bouche complètement tel du
goudron dans le gosier d’un goeland venu s’échouer à Pleymouth . Tes jambes
sont si fines, j’ai peur on dirait que tu vas tomber et chanceler sur le
bitume. Je te jure, on dirait des allumettes et j’ai peur de n’avoir que peu de
force pour te ramasser. Et puis je partage un peu ta peine, je n’aurai même pas
de quoi te payer le taxi ma pauvre. Tes
vêtements trainent dans la boue et tes joues sont barbouillé de suie, je ne
sais pas ce que tu as été faire hier soir, mais ça devait être romanesque pour
que cela te mette dans ces états. Tes
talons sont à peines vernies, et ton collant est déchiré. Tu as piètre allure
et pourtant il émane de toi une grâce, un rayon de tristesse que j’ai du mal à
décrire totalement. C’est perceptible et en même temps si infime.
Au
fond est ce que tu y crois toi à l’amour ? Je ne suis pas vraiment
certaine de cerner avec justesse toute l’étendue du sujet. Je pense que c’est
un sentiment fort, mais plus j’avance plus il me parait difficile à décrire.
C’est un peu enfantin, mais je me sens un peu novice en la matière alors même
que j’ai connu ce sentiment sous divers aspects et à travers une multitude
d’horizon. Seulement, on a chacun sa vision personnel de l’amour en soi, de cet
espèce de sentiment qui arrive à changer le cours d’une histoire, à renverser
deux âmes ou à en perdre d’autres. C’est des situations de romans, ou de la
réalité appliquée à la fiction, je ne sais pas trop ce que je préfère. On
aimerait être embrassé en toute simplicité, aux détours d’une ruelle, d’un
jardin, d’un porche de vieille pierre, en pleins Paris à la campagne !
Qu’importe le moment, mais ce qu’il faut c’est de la surprise et la grâce de
l’instant, il faut savoir l’apprécier parce qu’apprécier un baiser ce n’est pas
forcément évident. C’est généralement lorsque l’on est le plus inexpérimenté
que les premiers baisers sont les plus beaux, ils sont comparables à des jeunes
bourgeons qui annoncent le printemps. Et leur verdure nous embaume le cœur,
mais déjà leurs fleurs écloses nous coupent les lèvres trop avides. Je suis
certaine que vous en rêvez tous que l’on vous prenne par la main, qu’on vous la
serre très très fort jusqu’à vous faire mal, et que l’on entende votre rire
sonner à des dizaines de kilomètres. Je crois que c’est ce qu’on définit comme
des instants de bonheur, rien qu’à l’entendre dans ma tête j’ai le cœur qui bat
et je suis un peu nostalgique. On a tous des vieux fantasmes totalement
clichéiques, autant les femmes que les hommes, et c’est ce qui fais toute la
richesse d’une histoire. Se prendre dans les bras sur une musique pourrie,
déjeuner dans un grand restaurant et commander des plats extravagants, se
promener dans Paris l’air léger avec à la main une fleur et à la bouche un
refrain nouveau. Et on recherche tous l’amour, ce satané amour qui nous
oppresse, nous rend heureux, nous fais perdre la raison, nous fais vivre plus
que de folie. Il est là, présent devant nous et pourtant on reste aveugle, on
se met à le chercher alors qu’il est sagement devant nous tel une évidence. Ça
en deviendrait presqu’indécent, mais il se dévoile toujours au moment où l’on
s’y attend le moins. Alors à cet instant précis se produit un choc, une onde
positive qui nous transperce de l’intérieur et se répand en nous comme une sève
bénéfique . Ca nous surprend au premier abord, et ça nous transporte vers des
rêves que nous n’aurions jamais eu la prétention d’imaginer. Puis vient le
moment du discernement que l’on oublie tellement on est bien, mais vite la
raison revient au pas de course, à nous de l’écouter ou pas.
Et moi je te dis que les gens de paris
Ont les lèvres brodées de mélancolie
Ils pensent à leur jeunesse effacée
Aux ritournelles, aux balades embrumées
Des époques lointaines ou ils savaient choisir
Les lieux et l’instant propices aux soupirs
Aujourd’hui ils ont oublié
Les rengaines du temps passé
Plus personne aux bois de vincennes
Leurs ames sont bien en peine
Ils rêvent de retrouver leurs désirs
De réinventer leur fuite et leurs rires
Je pourrais longtemps te décrire
Ce que ma mémoire risque de ternir
De bien beaux endroits calmes et las
Ou l’on s’aimait sans dessus deça
Des œillades appuyés au regard tapageur
Tous ceci restent gravés au cœur
Et tous s’efface comme un voyage
Dans le miroir on reste sage
De vieilles histoires un peu trop belles
Faites d’illusions et d’irréel
On se sent bien sans vraiment rien
Un peu de tous et de regains
Du temps qui courrent
Des bruits de sourds
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